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samedi 8 septembre 2012

Nuit dixième: Auronzo di Cadore, Italia.





Nuit dixième : Camping Europa, Auronzo di Cadore
Km 1385. 19 uin 2012. Province de Belluno, Italia.

Les chiffres du jour :
Km : 110
Temps : 7h12
Cols : 2
Dénivellation positive : 1800m

Particularités :
Dernière journée dans les Dolomites avec la traversée du splendide Parc Régional-Naturel de Fanes




C’est seul que je continue ma route en direction de la Croatie. En effet mon père rentre en Suisse, et avec son départ je récupère mes bagages : ma tente, mes habits, mes outils de réparation, ma vaisselle, ma pharmacie…mais également mon autonomie et ma liberté. 


Mon père rentre chez lui et je récupère mes bagages
22kg de bagages supplémentaires me reviennent de droit et c’est beaucoup, obligeant à pédaler d’une autre manière, plus lente, plus régulière. Les montées deviennent plus durs, les descentes plus appréciables, mais le fait de porter tout son matériel et de ne pouvoir compter que sur soi-même apporte au voyage d’autres objectifs et sensations. Plus proche des gens, plus loin des "records" je me rends compte que le vélo, même en y passant près de 8 heures de moyenne journalière assis sur sa scelle, revêt aujourd’hui moins d’importance. De « centre » de mon voyage les premiers jours il devient simplement « moyens de transport » aujourd’hui. Il fait partie d’un tout qui compose mon univers à travers mes rêves, mes espoirs et mes désillusions. Ce tout, à la fois matériel  (vélo, tente, ustensiles, etc…) et " sensorielle" (le plaisir, les sensations, l’envie de découverte !), compose mon voyage et m’apporte une forte sensations de liberté comblant mon besoin d’ailleurs quotidien. Le voyage, malgré le constant effort, prend le dessus sur le sport.
Seul et alourdi par mon vélo pesant à présent 35kg, je me sens pourtant tellement libre. Libre de pédaler où je veux, sans contrainte d'horaire avec la seule condition de me débrouiller et de m'assumer. Une liberté qui n'a pas de prix, à défaut d'avoir un poids : 103kg ! Le poids de mon vélo, mes bagages et moi-même.
Après 29200m d'ascencion en 9 jours totalisant pas moins de...34 cols, je vais gentiment calmer le jeu avec moins de cols.


Descente du Val Badia
Pour bien commencer cette journée, descente du Passo Gardena , toujours ensoleillée. A travers le très roulant Val Badia tout d’abord, avant de remonter jusqu’à San Vigilio Marebbe où les rares montées vont déjà me faire comprendre que grimper avec un vélo pesant 35kg devient très difficile. D’autant plus que la température atteint déjà les 28°C bien avant midi. L’occasion de faire une petite pause et de faire le point. Hésitant sur le chemin à prendre - traverser un parc naturelle montagneux sans ravitaillement d’eau et non-goudronné ou faire un détour par un col goudronné mais moins joli - je rencontre Cristiano qui, intrigué par mon maillot jaune et vert  où il est inscrit « Bike for Africa » m’interpelle et m’invite à boire un verre avec lui. Sympathique et touchante rencontre avec ce « jeune retraité » intéressé par l’Afrique qui va pouvoir m’aiguiller sur ma route.
Partagé entre le bon sens, qui me dirait de faire le détour par le col, et par la découverte, qui me dirait de traverser le parc naturel sans savoir sa difficulté tout en sachant qu'il n'y a pas d'eau en ce jour caniculaire. Je choisis le parc régional. Dernière occasion de franchir les 2000m d'altitude.
Remontant le Val di Fanes jusqu'au refuge de Pederu, marquant la fin de la route goudronnée et des véhicules motorisés, la route va pénétrer dans un immense canyon rappelant les paysages de nombreux Western. En m'enfonçant dans ce magnifique parc naturelle, je m'apperçois rapidement que j'ai bien fait de choisir cette itinéraire plus sauvage et reculé de ce que j'ai l'habitude de voir à travers les traditionnelles cols goudronnés.


Dans le Parc Naturel
Cependant en quittant le refuge de Pederu, à 1500m d'altitude, la suite va s'avérer beaucoup plus difficile: Plus d'un km à 30% - voire plus - sur une petite route non goudronnée... Mal informé par ma carte défaillante sur ce coup-là, je me retrouve bien vite à devoir pousser mon vélo sur près d'une heure, jusqu'au refuge de Fodara, moins de... 3km plus loin. Sous la chaleur étouffante, transpirant à grosse gouttes le peu d'eau qu'il me reste, cette ascencion va s'avérer particulièrement difficile. Heureusement au refuge de Fodara un peu de pluie va rafraîchir l'atmosphère avant que la route, ou plutôt le chemin, deviennent enfin moins pentue me permettant même de pédaler quelques km au milieu de ce parc somptueux permettant un panoramas de 360° sur les sommets environnants avant de redescendre à nouveau sur une pente très raide. C'est dans cette nature encore intacte que je vais subire ma première crevaison de ce voyage, croisant même une impressionnante vipère sifflant et fuyant mon passage à moins d'un mètre de ma roue et à peine 100m avant de crever. Effrayé par cette rencontre innatendue je continue quelques centaine de mètre à pieds avant de réparer. Dès fois que la vipère m'en voudrait...


En quittant le Parc Régional de Fanes je vais retrouver une route goudronnée et plus roulante pour la deuxième ascencion de la journée, le Passo Tre Croci, 1809m. Sur 8km à 7% de pente moyenne depuis Cortina d'Ampezzo, ce col va s'avérer plus difficile que prévu. Fatigué, subissant de fréquent saignement de nez, à nouveau sous la canicule après le trop timide orage du refuge de Fodara quelques heures auparavant, c'est avec soulagement que je vais basculer de l'autre côté, redescendant à travers une vaste forêt sauvage et très peu habitée jusqu'à la petite ville de Auronzo di Cadore. Superbe région où les groupe de la Marmarolle et Cadini semble nous retenir prisonnier. Après une deuxième crevaison je m'arrête tôt et avec émerveillement dans un sympathique camping, au sortir des Dolomites. Courte étape en km (110) mais forte en émotion. 


Auronzo di Cadore


Bike for Africa pédale pour www.togotochildren.ch 

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